Histoire de la Bulgarie

Quelques éléments d'histoire sur la Bulgarie

La Bulgarie est à regarder et considérer avec respect, ne serait-ce qu’en regard de sa volonté continuelle d’exister malgré les souffrances endurées au cours de son histoire. La dynamique européenne l’a inclue dans sa sphère, chose normale par sa situation Européenne. Son formidable développement actuel donne la mesure du rattrapage dont elle est capable. 

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Issu de plissements alpins et carpatiques, le Balkan chaine alpine se présente comme une longue chaine montagneuse orientée d’Ouest en Est.  Plusieurs sommets dont le plus haut culmine à 2.900 mètres. Ces hauteurs ont toujours été de précieux réservoirs d’eau pour les régions avoisinantes. Les vertus de ces eaux sont aussi bien connues depuis des temps reculés et aussi plus récemment car la Bulgarie était le lieu de cure et de balnéothérapie des pays de l’Est. Ces massifs montagneux sont souvent entourés de collines pré balkaniques couvertes de prairies, forêts, variétés de vergers et vignes. Signe de clémence du climat et de profusion de nourriture, ces terres sont le refuge des cigognes que l’on peut voir dans les prés « becqueter » nonchalamment puis dans les villages, aller se percher sur les nids protégés.

Le littoral cours sur environ 378 km offrant une côte parfois en falaises de schistes, de grès ou de craie, parfois de près verdoyants venant mourir au bord de la mer comme en Irlande ou Normandie, parfois en tumulte de roches impraticable ou bien avec une minuscule plage de sable ou de galets, parfois avec de longues plages de sable fin ou plus grossier. La côte peut être rectiligne, avec de grandes baies comme celles de Varna ou Bourgas, avec de petites ou plus grandes criques isolées aux ports de pêche protégés, avec de faux fjords, avec de savants assemblages naturels de roches faisant des lieux intimes aux naturistes, avec de petites plages à l’accès compliqué. Tout ce que la nature à conçu de plus sage ou comme un jeu se trouve ici.

La mer qui dans des temps extrêmement reculés devait être un immense lac, alimenté par les cours d’eau toujours existants, se trouve sur une des plaques tectoniques du globe. Un des mouvements de cette plaque à vraisemblablement brisé la partie de continent servant de rempart à l’immense cuvette qui s’est remplie d’un coup. Le transvasement de la mer méditerranée ou mer « du milieu » de l’antiquité romaine, à engendré une nouvelle mer fermée aussi nommée « Pont-Euxin » ou mer hospitalière. Cette mer à très tardivement été nommée « mer Noire » par les turcs ottomans après leur invasion des lieux. Ils faisaientréférence aux points cardinaux assujettis à une couleur, dont le noir pour le Nord. Cette mer « aveugle » (fermée) porte plus élégamment le nom de mer Cécile (du latin Caecili). Mer Cécile est un joli nom qui convient parfaitement au bleu profond et à la limpidité du littoral.

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Origines de la Bulgarie. Les contrées balkaniques étaient peuplées depuis les périodes du Paléolithique supérieur.

Les traces de peuplements et les sources qui en font référence sont abondantes. Les premières vagues d’émigrants indo-européens n’ont pu éviter ces contrées et s’assembler à leurs prédécesseurs, puis être à nouveau submergés par de nouveaux arrivants... Au deuxième millénaire avant JC, la présence des Thraces, conglomérat de tribus différentes que mentionnera Homère. Ils occupaient les régions correspondant à l’actuelle Bulgarie comprenant une partie de la Roumanie actuelle jusqu’à la mer Égée. Au début du premier millénaire avant JC, les principales tribus Thraces se distinguaient réparties ainsi sur leur territoire. Du Sud-Centre les Odryses, les Besses en dessous. Les Odomantes, Sintes et les Edones sur les territoires proches de la mer Egée. Les Mésiens et les Gètes étaient au Nord de la Bulgarie. Ces tribus s’allieront ou se combattront toujours pour  leur expansion. Vers le milieu du premier millénaire la colonisation grecque se développe sur le Pont-Euxin (mer hospitalière) ou mare Caecili (mer aveugle en latin). Fondation et développement de plusieurs cités dont Odessos (Varna), Mesembria (Nessebar), Apolonia (Sozopol), etc. ce développement va augmenter les échanges commerciaux et le transfert de connaissances (travail du fer. etc.) à travers tout le bassin méditerranéen tout proche. Le royaume de Seuthès Ier tente d’émerger et ses successeurs Amadok, Seuthès II, Hebrijelmis puis Kotys combattront toujours. L’unification sera l’œuvre de Philippe de Macédoine vers le milieu du 4e siècle avant JC.  Ce dernier fondera une ville à laquelle il donnera modestement son nom ; Philippopolis, plus tard Plovdiv. 

Les invasions migratoires et le premier État bulgare. Vers la fin du millénaire d’avant JC la Trace est totalement intégrée au monde hellénistique. Un peu plus tard la Macédoine deviendra province romaine. Rome étendra son emprise et réprimera de nombreuses révoltes jusqu’en l’an 29 de notre ère.

Ainsi en l’an 45 de notre ère sonne la fin de l’indépendance Trace avec l’institution de la procurature, quoique le grec reste la langue prépondérante en Thrace au Sud du mont Hémus, alors que le latin était utilisé au Nord. En 235 les premières invasions barbares (O Barbaros>les étrangers, en grec). Diverses fortunes résultent de ces affrontements principalement contre les Gots (tardivement écrit avec un "h"  >Got « h »s). Seconde invasion  des Gots en 376, sous la poussée des Huns. En 330, constitution de l’empire romain d’Orient avec Constantinople comme capitale.

Le 9 août 378, mauvaise journée pour les romains car les Gots tuent leur second empereur. Les Gots continueront leur avancée jusqu’au sud de la France, puis iront fonder le premier royaume espagnol après 732. La bataille de Vouillé en 732 vit reculer les Gots en Septimanie, puis en Espagne.

Les slaves. Des populations (protoslaves, non germaniques) Sclavènes>Slaves « ceux qui savent parler ? » résident dans une zone comprise du Nord de l’Ukraine à la Pologne actuelles. Ces populations sont nommées par Procope de Césarée et Jordanès. Il est admis qu’ils ont participé ou suivi les déplacements des autres peuples migrateurs (Scythes, Sarmates, Huns, etc.) Ils se déplacent vers les Balkans rejoignant les Avars. Des tribus de plus en plus nombreuses y occupent les campagnes désertées par d’autres peuples migrateurs et fondent des Sclavenies (de Sclavène) dans les Balkans. Ils atteignant Constantinople en 531. Ces populations effectuent des incursions en Grèce, poussant même jusqu’en Albanie et Istrie en Italie toute proche.

La formation des premiers états slaves au 7e et 11e siècle est la résultante des pressions extérieures exercées de toutes parts les contraignant à défendre un territoire défini.

L’évangélisation initiée par Byzance au Sud et Rome à l’Ouest s’est exprimée différemment suivant les pays. Il s’agissait d’établir un pouvoir politique appuyé sur une langue commune diffusée par le biais de la Bible, renforçant leur identité. La Bible étant un support culturel et idéologique. En 862 deux frères Constantin-Cyrille et Méthode, issus d’une famille sénatoriale de Thessalonique, à la demande du patriarche de Byzance-Constantinople qui avait été sollicité par le prince Rastislav de Grande Moravie, entreprennent l’évangélisation du pays. La Grande Moravie d’alors comprenant les territoires autour de la rivière Morava. C’était un royaume slave de 833 à l’an 1000 incluant une partie de la Slovaquie, la Hongrie et Tchéquie. Les deux frères  avaient créé un alphabet appelé glagolitique (du vieux slave Glagoljati signifiant « parler ») sur la base du vieux slave. L’alphabet créé évolua en alphabet nommé Cyrillique (de Cyrille et Méthode les frères en question) par un de leurs disciples Clément d’Okhrid pour les honorer.

Les bulgares. Les bulgares portent un nom de peuple hérité, rattaché au groupe linguistique turc (lui-même composante des Mongols) venant des steppes et comprenant plus de 26 groupes différents. Des théories tout aussi incertaines les rattachent à d’autres groupes. Ils entrent dans l’histoire au début du moyen-âge et s’établissent en Bulgarie entre le Danube et les monts Hémus. Ils se joignent aux slaves qui les ont précédés.

Le premier royaume bulgare sera limité par la chaine des Balkans au sud. Il durera de 681 à 1018 avec durant cette période l’assimilation par les Slaves. En deçà se situait la Thrace Byzantine.

En 681 la capitale est Pliska (Adoba près de Shumen). En 705 Byzance reconnaît la puissance du khan (signifiait Dirigeant en Mongol) Tervel comme César (César>Tzar). Les frontières sont alors définies. De 724 à environs 900 divers khans règnent. Le territoire les bulgares progresse vers le sud au détriment de Byzance. La slavisation se termine. Constantin-Cyrille et Méthode créateurs de l’écriture glagolitique sont sous la protection du khan Boris 1er qui se fait baptiser ainsi que tout son peuple en 863. C'était un acte fort symbolisant l'unité politique du pays. Le premier royaume chrétien slave est ainsi entériné. Il s’agissait d’une décision politique permettant une plus large autonomie vis-à-vis de Byzance. Néanmoins quelques résistances païennes vite réglées se font jour. L’Eglise bulgare adopte le slavon comme langue liturgique. L’unité du pays s’affirme davantage.

893-927 règne de Siméon le Grand couronné Basileus (empereur) des bulgares

927-929 règne de Pierre 1er qui persécute les bogomiles dont découleront les Cathares au sud de la France.

972 suite à un conflit avec le prince Svatoslav, « Rouss de Kiev » (qui donnera Rouski> Russe) le pays est sauvé par annexion de l’empereur byzantin Jean 1er Tzimiscès.

1054 Grand Schisme d’Orient aboutissant à la rupture de l’Eglise orthodoxe de Constantinople et Rome.

Jusqu’en 1185 tentative de reconstitution d’un état bulgare, soulèvements avec de multiples et féroces répressions de Byzance.

Même époque Pierre et Jean Assen mènent l’insurrection anti byzantine qui abouti à la formation du second empire bulgare reconnu par Byzance avec Turnovo pour capitale.

En 1211 le concile de Turnovo condamne le bogomilisme et qu’en 1238 le pape tente d’organiser une croisade contre les bogomiles.

Jusqu’en 1261 diverses fortunes et empereurs qui se succèdent en lignes indirectes. Michel VIII Paléologue restaure l’empire byzantin.

1355 dernier échec de négociations entre bulgares et byzantins en vue de s’allier contre la menace turque.

Jusqu’en 1371 instabilité due à des attaques étrangères et divers changements de pouvoir.

1371 la Bulgarie se divise en trois royaumes ; Turnovo, Vidin l’Ouest, et le littoral. Vidin ayant été attaqué par les hongrois ont la mauvaise idée d’appeler les turcs à la rescousse. Ces derniers prendront possession en 1396, non sans mal de tout le pays pour y rester jusqu’à la libération par les (frères) russes. L’expansion turque n’a pu exister qu’à cause des divisions entre les états des Balkans et l’incompréhension de la part des états latins du reste de l’Europe.

La nuit turque ottomane était tombée pour plusieurs siècles, non seulement sur la Bulgarie, mais sur l’Europe de l’est !

Le Réveil National viendra aussi d’un moine bulgare qui écrivit en 1762 la première histoire en langue bulgare, « l’histoire slavo-bulgare »  appelant à la méfiance vis-à-vis de certaines élites, incitant à affirmer l’identité nationale.

1768 à 1774, guerre russo-turque à l’instigation d’éléments bulgares dans l’armée russe appellant au soulèvement du pays.

1787 nouvelle guerre russo-turque avec l’appui des populations.

1794 l’évêque de Vratsa Sophroni  enjoint les patriotes à rejoindre les haïdouks menant la guérilla contre les turques dans les montagnes.

1806 à 1812, nouvelle guerre russo-turque, l’évêque Sophroni refugié à l’étranger lance un appel à l’insurrection générale en Bulgarie.

1815, le congrès de Vienne refuse de bousculer l’ordre établi, malgré la révolte des bulgares.

Jusqu’en 1829 les bulgares combattrons dans les armées des pays en lutte contre les turcs,  libérant les Balkans en attendant la libération de la Bulgarie. C’était sans compter sur l’opposition de l’Angleterre, même en 1821 pour la tentative de formation d’une principauté bulgare. L’Angleterre ne voulait pas que la Bulgarie se rapproche de la Russie. La paix confirmant l’indépendance de la Grèce oblige les combattants bulgares à fuir partout en Europe pour échapper à la répression turque.

1832 abolition du régime féodal (!) avec toujours la négation de l’identité bulgare. 1835, 1837, 1841, 1842, 1850, révoltes de paysans et insurrections. 1854 à 1856 la guerre de Crimée (Sud Ukraine) brise les espoirs les bulgares oubliés par le congrès de Paris, alors que la Roumanie et la Serbie sont émancipées.

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Religion bogomile (dont les Cathares seront un des prolongements)

Le christianisme s’est exprimé différemment de la contemplation aux discussions de théologie métaphysiques, selon des peuples qui l’adoptèrent. Loin de s’ébahir des mystères incompréhensibles de la Trinité et de l’Incarnation, les esprits étendirent leurs subtiles controverses, troublant l’unité de l’Eglise et ont participé à hâter la chute de l’empire romain. Depuis le concile de Nicée en 325 ac. jusqu’à la fin du 7e siècle, il aura fallu 6 conciles pour légiférer contre les multiples « sectaires » qui furent dispersés en Occident. Relégués dans les montagnes et les villages de l’Euphrate les « sectaires » étaient identifiés sous le vocable de manichéens (1). Les manichéens jugeaient les choses selon le principe non nuancé du bien et du mal.

Vers le milieu du 7e siècle la tyrannie spirituelle se retourna contre les pauliciens issu du manichéisme et adeptes de saint Paul. Les Pauliciens refusaient le clergé, les saints, la croix, le mariage. Cela commença sous le règne du petit-fils d’Héraclius. Dans les environs de Samosate apparu un réformateur (en 660 probablement) du nom de Constantin « Sylvain » (de Sylvanus, en honneur au compagnon de Paul),  de Mananalis ville de l’Euphrate en Arménie, que les disciples pauliciens considèrent comme un élu du ciel. Ce dernier avait reçu d’un Diacre revenu de Syrie d’où il vivait captif, le Nouveau Testament (2) sur lequel il régla sa foi (4 évangiles et 14 épitres  les écrits de Paul). Il s’attacha exclusivement aux écrits de saint Paul (3), d’où le nom de paulicianisme. 

Constantin-Sylvain et ses élèves s‘identifièrent aux premiers disciples de Paul et donnèrent leur noms aux congrégations qu’ils fondèrent en Arménie, en Cappadoce et dans le Pont jouxtant le Pont-Euxin nommée ensuite mare Cécili. Ils étaient toujours très focalisés sur les épîtres (les lettres) de Paul et rejetaient tous les objets visibles du culte. Constantin-Sylvain serait mort vers 684. Vers le milieu du 8e siècle des pauliciens d’Arménie migrèrent sur les bords de l’Euphrate, à Constantinople et en Thrace. Cette migration introduisit cette doctrine en Europe. Ces mêmes pauliciens de Thrace aidèrent les bulgares à affermir le paulicianisme sur leur territoire.

Au milieu du 10e siècle afin de servir de rempart contre les populations de Scythie sur les rives du Danube, Jean Zimiscès empereur d’origine arménienne transplanta encore d’autres pauliciens en Thrace qu’ils contrôlèrent comme la ville de Philippolis. Le paulicianisme pu pénétrer en Europe avec les caravanes de pèlerins qui longeaient le Danube et le commerce maritime avec l’Italie. Le premier acte de persécution envers les pauliciens en France fut la condamnation au bucher de douze chanoines d’Orléans.

(Entre autres sources ; Histoire de la décadence et de la chute de l’empire romain / Gibbon)

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(1)   Manichéisme, doctrine initiée au 3e siècle par Mani en Mésopotamie.

C’était un syncrétisme (rassemblement de doctrines disparates) inspirée par le ;

Zoroastrisme (fondée au cours du premier millénaire dans l’actuel Turkménistan, religion des perses sassanides (jusqu’à la conquête de l’islam) occidental et professé par Zarathoustra> d’où zoroastrisme en grec, prêchant la bataille entre le Bien le Mal,

Bouddhisme, né en Inde au 6e siècle avant JC. Philosophie et religion à la fois difficile à catégoriser.

Christianisme, religion issue du judaïsme au 1er siècle de notre ère.

(2)   La Bible (du grec Biblion = livre) collection de textes anciens considérés comme d’inspiration divine. Divisée en deux parties inégales entre l’ancien et le nouveau testament (ancienne et nouvelle alliance avec Dieu et les humains). L’ancien testament comprend les textes écrits avant JC et, le nouveau testament ceux écrits après la mort de Jésus Christ par ses apôtres et certains de ses disciples.

(3)   Saint Paul (né Saül de religion judaïque) né à Tarse en l’an 2 ap JC, mis à mort sous Néron en 66. Au début ennemi des chrétiens, puis suite à une chute qui affecta sa vue il fut guéri et converti par Ananie un disciple vivant a damas et devint un serviteur zélé du christianisme. Apôtre des non-juifs, les Gentils (gentils>gens en latin>goyim en hébreu) c'est-à-dire les non juifs judaïsant mais refusant certaines pratiques. Paul affirmait que le baptême se substituait à la circoncision. Il affirmait aussi que le Christ était le messie, ce que les juifs n’admettaient pas. Paul communiqua beaucoup avec les communautés chrétiennes qu’il visitait, d’où ses épitres (lettres). On peut dire qu’il existe un concept de liberté dans ses écrits « Parents, n’exaspérez pas vos enfants de peur qu’ils ne se découragent »

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